Les Trains de plaisir ou « la mer à cinq francs »

À partir des embarcadères parisiens, les habitants de la Capitale profitent de leur jour de repos pour s’évader, les trains de plaisir sont pris d’assaut !

Peintre, sculpteur et lithographe, Honoré Daumier (1808-1879) publie ce dessin dans Le Charivari, journal satirique, le 12 août 1852. Sur le parvis de cette gare parisienne, un cocher tente de se frayer un chemin parmi la foule amassée devant l’entrée. Le caricaturiste n’épargne personne dans cette scène de bousculade, les visages sont déformés par l’effort et les corps tendus à l’extrême.
C’est la première planche d’une série que Daumier intitule « Les Trains de plaisir ».

 

Les trains de plaisir

Honoré Daumier, Les Trains de plaisir. Aspects d'une gare de chemin de fer au moment du départ d’un train de plaisir. Lithographie. [1852], [Ed.] Maison Martinet, Imp. Ch. Trinocq © CCGPF Fonds cheminot

 

Pour inciter le public à emprunter le nouveau mode de transport, les deux compagnies de Paris-Rouen et Rouen-Le Havre proposent des trains spéciaux qui partent de l’embarcadère de la place de l’Europe (aux abords de l’actuelle gare Saint-Lazare) vers le littoral normand à un prix attractif. Le 13 juin 1847, le premier train dit « de plaisir », trois fois plus rapide que la malle-poste, arrive au Havre après un trajet de 6 heures. Les parisiens profitent de la mer le dimanche avec un départ le samedi soir, deux voyages de nuit et un retour à Paris à l’aube le lundi. Devant le succès de cette formule, la Compagnie du chemin de fer du Nord organise à son tour des trains spéciaux vers Boulogne, Dunkerque et Calais à partir de 1849.
Lancé par les compagnies de Rouen, Le Havre et Dieppe, le système des trains de plaisir fut repris et amplifié par la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest née en 1855 de la fusion de 6 compagnies de grandes lignes et de banlieue et de la concession de divers lignes et embranchements.


Les plages ne furent toutefois pas les seules destinations de ces trains spéciaux. Dès les années 1850, des passagers enthousiastes se rendaient à des régates, des courses hippiques, des expositions, des fêtes et des concours régionaux. Conçus à l’origine pour les parisiens, ils tentèrent rapidement les provinciaux désireux de découvrir la Capitale à l’occasion du 14 juillet ou du 15 août.
Des affichettes placardées sur les murs des gares, des bulletins spéciaux et des réclames insérées dans les journaux informaient le public de leur circulation. Grâce à ces billets réduits (40 à 70%), les trains de plaisir attirèrent une large clientèle et furent généralement très fréquentés.


Offrant un dépaysement sur un laps de temps très court, les trains de plaisir connurent un véritable engouement sous le Second-Empire. Ils suscitèrent l’envie de voyager et sont à l’origine du tourisme ferroviaire. Les caricaturistes, les librettistes et les journalistes saisirent le burlesque de certaines situations et s’amusèrent de ce nouvel empressement.

 

Les Trains de plaisir, un « effet de mode » !

 

Paris à la mer

 

Parmi les voyages à faire, celui de Paris à Rouen et de Rouen au Havre, est le plus facile et le plus charmant… Il n’y a qu’un pas de Paris à la mer. Le chemin de fer ne sera qu’une rue de plus ajoutée à celles de Paris. Comme nous n’avons qu’une matinée à perdre, allons saluer la mer.

M. Morel-Fatio (ill.), P. Tardieu (grav.), Voyage de Paris à la mer par Rouen et Le Havre : description historique des villes, bourgs, villages et sites sur le parcours du chemin de fer et des bords de la Seine,  Paris, E. Bourdin, [1845]

 

 


Paris à lyon

 

Hâtez-vous de franchir le seuil des salles d’attente ; le convoi spécial de la Bourgogne et du Lyonnais est à vos ordres ; la locomotive fume et mugit, le signal du départ est donné et retentit dans tous les échos de la gare. Allez, allez sur les ailes de la vapeur, du côté du bon vin et du soleil.

Joseph Bard (1803-1861), Trains de plaisir de Paris à Lyon : avec le repas au Clos de Vougeot. Tableau raisonné de toutes les stations et escales du parcours, Chalon-sur-Saône : Lib. De Ferran, 1851

 

 

Le train de plaisir

Anton Wallerstein (1813-1892), Le Train de plaisir : Polka. Lithographie [illustration d'une partition de musique]. Bruxelles : G. et J. Meynne, [1850] © CCGPF Fonds cheminot

 

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