Un chemin de fer à Paris
Dès son inauguration le 24 août 1837, le chemin de fer de Paris à Saint-Germain prît une connotation festive.
Les sites pittoresques de la ligne (Nanterre, Chatou et bien-sûr Saint-Germain) présentaient un intérêt pour les promeneurs qui y affluaient le dimanche. Sur cette estampe aux couleurs chatoyantes, c’est bien le train qui attire les badauds admiratifs aux abords de l’embarcadère situé en contrebas de la place de L’Europe.
Emile Pereire, le fondateur de la compagnie, avait souhaité donner un « jouet » aux parisiens pour qu’ils prennent goût au nouveau mode de transport. Ce fut un succès : 137 000 voyageurs pour les 25 premiers jours dont 20 000 le premier dimanche !
L’événement engendra bien quelques craintes mais aussi un grand enthousiasme dont la presse se fit l’écho. Le journaliste Jules Janin (1804-1874) expliquait : « il [le chemin de fer] mène dans les champs et non pas dans les fabriques de coton ; parce qu’il est leste, joyeux, paré, animé par le plaisir… Notre chemin de Saint-Germain est justement un chemin fait exprès pour le dimanche… il est fait pour le jour de repos. »1
L’essayiste et romancier Maxime du Camp (1822-1894) déclara avec humour : « On fit des discours, personne ne s’enrhuma sous les tunnels, la locomotive n’éclata pas et l’on put croire qu’un voyage en chemin de fer n’était pas forcément mortel.»2
Les premières locomotives ne pouvaient pas encore monter la rampe entre le Pecq et Saint-Germain, le train stoppait alors le voyage à la station du Pecq, obligeant les passagers à terminer à pied ou en omnibus (tracté par des chevaux). Un nouveau procédé appelé « système atmosphérique » permit de fixer un piston sous le train afin de faire circuler de l’air dans une conduite disposée entre les rails ; utilisé jusqu’en1847, il rapprochait les voyageurs de leur destination. Les locomotives gagnèrent en puissance et purent désormais gravir la pente jusqu’au château de Saint-Germain.
Image : Le chemin de fer. Les agrémens [sic] des chemins de fer. Lithographie en couleur (ca 1840). Imagerie de Pellerin Epinal. © CCGPF Fonds cheminot
[1] Jules Janin, Journal des Débats, 25 août 1837.
[2] Maxime du Camp, Paris, ses organes, ses fonctions et sa vie dans la seconde moitié du XIXe siècle, Paris, Hachette et Cie,1865, p. 295.