Vapeur en mouvement

Vapeur en mouvement

Sur la couverture de la partition composée par Arthur Honegger (1892-1955), une puissante locomotive en marche, une Pacific 231, est représentée.

[Partition réduite] Pacific 231 : [mouvement symphonique pour orchestre], Arthur Honegger ; réduction pour piano 4 mains, [ill. de Jacques Thevenet], Paris : M. Sénart, cop. 1924

Conçue aux Etats-Unis en 1901, cette machine a été expédiée jusqu’en Nouvelle-Zélande en traversant par bateau l’Océan Pacifique, d’où son nom. La disposition de ses essieux (2 petites roues à l'avant, 3 grandes au milieu et 1 petite à l'arrière) explique sa désignation. Les compagnies ferroviaires françaises et la Sncf ont perfectionné leurs propres Pacific qui assurèrent un service régulier jusqu’à la fin de la traction vapeur.

En 1922, le compositeur Arthur Honegger est sollicité par le réalisateur Abel Gance pour accompagner son film muet La Roue, une œuvre colossale mélodramatique et ferroviaire. Le long-métrage, adapté d’un roman de Pierre Hamp, Le Rail (1912) met en valeur la fonctionnalité du monstre d’acier mais également son esthétique industrielle. Arthur Honegger établit avec Paul Fosse, Chef d'orchestre au Gaumont-Palace à Paris, une partition rassemblant 117 pièces de musiciens contemporains dont Darius Milhaud, Gabriel Fauré, Claude Debussy et Camille Saint-Saëns. En décembre 1922, la première a lieu au Gaumont-Palace^[1]. Arthur Honegger y dévoile un Prélude original qui constituerait les prémices de son fameux mouvement symphonique Pacific 231^[2].

Citation d’Arthur Honegger imprimée sur la page de garde de la partition

Le mouvement symphonique Pacific 231, considéré comme l'une des premières œuvres musicales inspirées par la révolution technologique du début du XX^e siècle, est accueilli avec enthousiasme en France et à l’étranger.

Le nom d’Arthur Honegger reste lié au chemin de fer. Le timbre postal qui rappelle le centenaire de sa naissance a été oblitéré au Havre dans le cadre du Salon international ferroviaire^[3]. À noter qu’il ne s’agit pas ici d’une Pacific 231 mais d’une 241P (série 1 à 35), dernier modèle de locomotive de vitesse à vapeur construit par la Sncf de 1948 à 1952.

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^[1] La partition d’origine de La Roue a disparu mais la liste des morceaux et leur minutage ont constitué une aide précieuse pour achever la restauration de ce chef d’œuvre cinématographique.

^[2] Voir l’article en ligne de François Porcile : http://www.cineressources.net/ressources/EcranmusicalduGaumontPalace.pdf

^[3] Né au Havre d’une famille de Suisse alémanique, le compositeur est l’héritier de cette double culture, française et germanique.

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