De la voie d’eau à la voie ferrée aux Pays-Bas vers 1840

Cette image à système a été réalisée à La Haye, aux Pays-Bas, dans les années 1840.

La planche cartonnée aux coins arrondis comprend des fenêtres qui laissent apparaître une scène en quatre volets. Une languette de carton sur le côté permet de faire glisser les volets les uns sur les autres, dévoilant de la sorte soit un coche d’eau sur un canal soit un train sur les rails. Les deux images lithographiées et coloriées avec soin constituent un document rare dans la représentation et la conception. 

 

SpoortreinTrekschuit

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Coche d’eau ou train (Trekschuit of Spoortrein, en néerlandais), La Haye, ca 1840. © CCGPF Fonds cheminot

 

Le coche d’eau ou trekschuit (en néerlandais) est un petit bateau propre aux Pays-Bas qui se caractérise par un fond plat. Ce type d’embarcation est mentionné dès 1632 pour relier Amsterdam à Haarlem. En 1700, un vaste réseau de services de trekschuit reliait toutes les villes importantes des provinces côtières des Pays-Bas. Le coche d’eau était tiré par un cheval sur un chemin de halage, il assurait un service régulier en transportant les passagers le long des trekvaarten ou canaux de remorquage. Ainsi trente-neuf voies distinctes, composées de plus de 600 km de canaux, reliaient toutes les villes importantes de l’Ouest et du Nord du pays[1]. Cette embarcation de transport fluvial couverte et relativement bon marché pouvait contenir jusqu’à trente passagers, elle se divisait parfois en cabines plus ou moins confortables.

Mais ces itinéraires très fréquentés devinrent progressivement obsolètes avec l’avènement du chemin de fer au milieu du XIXe siècle. Ce que semble regretter un contemporain « Les Hollandais de -tout parage- se privent de plus en plus des délices du trekschuit auquel le chemin de fer fait une rude concurrence.[2] »

Ce document iconographique a probablement été imaginé dans les mois qui suivirent l’achèvement de la première ligne ferroviaire néerlandaise Amsterdam-Haarlem inaugurée le 20 septembre 1839.
Il marque sous une forme figurative -concrétisée par les volets mobiles- la transition entre deux moyens de transport certes complémentaires mais aussi concurrents, la voie navigable et la voie de chemin de fer.

 

 

[1]Herman J. de Jong, « Les transports intérieurs aux Pays-Bas avant et pendant la formation du réseau ferroviaire (1800-1880) ». In : Histoire, économie & société, 1992, 11e année, n°1, p.63.

[2] Journal de Toulouse : politique et littéraire, 12 octobre 1858. (Source : Gallica). 

 

 

 

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